Jacques Haïk: un pionner du cinéma indépendant
Dans son livre “Histoire d’un plaisir obscur“, – cinq balades dans les salles de cinéma du paris de l’entre-deux-guerres-, Nicolas Gallon nous brosse le portrait d’un producteur de cinéma aux multiples facettes. Son nom: Jacques HAÏK.
A 17 ans, il travaille comme employé d’une maison de films britanniques. A 20 ans, il dirige une société d’importation de films américains. Il lance alors les premiers Charlie Chaplin et les baptise du nom de “CHARLOT”.
Il devient concessionnaire indépendant de majors américaines, et, parallèlement, produit ses premiers films muets (Le Bossu, La grande épreuve… ) En 1924, il fonde la société des “Etablissements Jacques HAÏK”.
1929. L’arrivée du cinéma parlant bouleverse l’industrie de la production. Afin de faire face aux contraintes financières et de construire de nouveaux studios, Jacques HAÏK s’allie à la banque COURVOISIER. Il crée l’OLYMPIA, met en chantier le REX et plusieurs autres salles de prestige dans toute la France. Il construit des studios à Courbevoie et à la Garenne. En quelques années, il produit une trentaine de films. Il donne leurs premiers rôles au cinéma parlant à Annabelia, Arletty, Jules BERRY. Il fait travailler Danièle DARRIEUX, Harry BAUR, Victor BOUCHER… Il devient l’un des trois plus gros producteurs français.
1931. La grande crise met en faillite la Banque COURVOISIER et stoppe net l’envolée des Etablissements Jacques HAÏK. ( La bourrasque met aussi en faillite la totalité des maisons de productions françaises et américaines. ) Jacques HAÏK perd toutes ses sociétés et tous ses biens. Il ne se relèvera jamais totalement de cette débâcle.
En 1934, grâce à de l’argent prêté, il crée la société Les Films Régent. De 34 à 39, il produit une dizaine de films, dont “Claudine à l’école“. Il construit le cinéma Le Français, boulevard des Italiens. Mais le grand élan est bien cassé. Pourtant, il parvient à mettre en production de nouveaux films, à construire de nouvelles salles. En 1939, la situation financière de ses entreprises est redevenue saine. Mais la guerre éclate…
Poursuivi par les Allemands à double titre – il est juif, et il a produit un film de propagande anti-Hitlérien intitulé “Après Mein kampf.. mes crimes” avec Alain CUNY, Jacques HAÏK se cache durant cinq mois dans une chambre en Tunisie. En 1943, il accomplit des missions de propagande pour les Forces Françaises Libres dans tout le monde arabe. Pendant ce temps, à Paris, sous prétexte “d’aryanisation”, on lui confisque toutes ses sociétés, toutes ses salles. A son retour, en 45, il ne lui reste rien.
Il passe le reste de sa vie à récupérer ses films ainsi que ses salles. Il meurt en 1950.